Il est toujours problématique pour la démocratie de s’asseoir sur les résultats d’un référendum

La nouvelle municipalité quimpéroise reprend le dossier des Halles de Quimper et ne se sent pas tenue par les résultats du référendum du 3 mars 2019.

Certes le référendum sur l’avenir des Halles Saint François, organisé par l’ancien maire de Quimper, Ludovic Jolivet, tenait davantage d’une dérobade devant la prise de décision et d’un marketing politique que d’une véritable volonté démocratique ; certes l’abstention à ce référendum a été très forte, mais les électeurs quimpérois ont été consultés et ont donné leur avis. Ils se sont prononcés pour une rénovation des Halles.

 A laisser entendre qu’un haut niveau d’abstention invaliderait le résultat du vote, on amène le soupçon sur les dernières élections municipales où le taux de participation a été historiquement bas, y compris à Quimper, comme sur les législatives de 2017, les européennes de 2019 et sans doute aussi sur les élections départementales et régionales à venir. Toutes ces élections tournent autour de 50% de participation (le deuxième tour des législatives descend même à 42,5%). C’est plus que les 22% du référendum sur les Halles mais un régime réellement démocratique peut-il s’en satisfaire ? Alors où met-on la barre de la légitimité ?

On ne peut oublier l’une des origines de la désaffection des électeurs, le traumatisme du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen : une participation de 70%, 45% pour le oui et 55% pour le non. Sautant par-dessus ce rejet, Nicolas Sarkozy faisait ratifier le traité de Lisbonne par voie parlementaire deux ans plus tard.

On peut penser que les électeurs ont tort, se trompent, ont été leurrés ; c’est vrai pour le référendum sur le Brexit en Grande Bretagne. On le pense surtout quand ils ne vont pas dans le sens de ce que l’on espérait. Ce n’est pourtant pas au résultat du vote qu’il faut s’en prendre, mais aux préalables de celui-ci : la qualité, la clarté, l’honnêteté des informations données aux citoyens, la pertinence de la question posée.

 Mais passer par-dessus les résultats d’un référendum, c’est légitimer le sentiment des citoyens que quoi qu’ils votent, leur suffrage n’est pas pris en compte. Alors à quoi bon voter ?

On alimente ainsi l’érosion de la participation et la défiance du politique.

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