Dans nos médias régionaux, Denez L’Hostis, Marc Andro et Olivier Le Strat mettent en cause le silence et l’absence d’initiative du monde économique et des élus cornouaillais sur l’éolien en mer.
Il est vrai que depuis le fiasco du pôle métropolitain de Cornouaille porté par l’ancien maire de Quimper, Ludovic Jolivet, la Cornouaille en tant qu’entité politique est plus ou moins aux abonnés absents.
Pour autant il est étrange de fustiger l’absence d’initiatives et d’actions dans ce domaine lorsqu’on est à la tête de structures dont c’est la mission : Marc Andro est vice-président délégué de Quimper Cornouaille Développement (Isabelle Assih, maire de Quimper et présidente de QBO, en est la présidente) qui se présente comme « au service des acteurs publics et socio-économiques de Cornouaille » « lieu d’échanges, de réflexion et d’élaboration de la politique de développement et d’aménagement de la Cornouaille ». Olivier Le Strat est président de la Technopole Quimper-Cornouaille dont le rôle est d’intervenir sur le développement économique par l’innovation. Tous deux ont les moyens d’informer, de mobiliser et d’accompagner les élus et le monde économique cornouaillais sur ces sujets. Jusque-là ils ne s’étaient pas emparés de la question de l’éolien offshore.
Aujourd’hui on saute brutalement du vide à un projet quasiment clé en main : un parc de 6 à 10 km d’une centaine d’éoliennes à 30 km des côtes, «qui apporterait davantage de valeur que la pêche en Cornouaille» dixit Marc Andro, sans que cette affirmation soit sourcée ni chiffrée, sans évoquer tous les emplois induits par la pêche et sans mettre en rapport la valeur humaine et culturellement structurante de la pêche. On sent l’urgence d’exister dans le Grand Débat sur la mer, prévu de janvier à avril 2024, et de se placer sur la ligne de départ pour répondre à l’appel d’offre sur l’éolien en mer annoncé fin novembre par Emmanuel Macron. Mieux vaut tard que jamais, mais la question de la souveraineté énergétique et de la décarbonation se résume t-elle à l’éolien en mer ?
En ce qui concerne la nécessaire décarbonation de la pêche, dire qu’on a les solutions techniques est aller un peu vite en besogne. Pour ce qui est de la flotte, la solution de la propulsion hybride diesel électrique en est à ses premiers pas : un seul chalutier, le Blue Wave, en est équipé au Guilvinec et essuie les plâtres. A côté de cela la région a lancé un appel à manifestation d’intérêt (AMI) sur le déploiement de l’hydrogène au sein de la flotille de pêche et on en est au stade de l’expérimentation pour le projet PILOTHY (Pilou Loskant treuzkem hydrogen), pile à combustible hydrogène.
Enfin le projet de digue houlomotrice DIKWE, porté par le groupe Legendre, qui avait subi des tests concluants en rade de Brest, a certes été abandonné à Audierne en raison de l’opposition d’une partie des habitants, mais il se dit que des communes du pays bigouden seraient prêtes à l’accepter.
Si la Cornouaille veut reprendre la main sur ces sujets et susciter, fédérer les initiatives qui n’ont jamais manqué localement, il faut questionner habitants, élus et monde économique sur les priorités et les cohabitations entre les activités maritimes traditionnelles et la production d’énergie, les modalités de la transition énergétique et leur accompagnement