Diviser pour mieux régner ou construire ensemble : l’enjeu territorial

La tonalité de la tribune de Ludovic Jolivet (voir infra) parue ce jour est à l’image de sa posture lors du dernier conseil communautaire : clivante, polémique et condescendante.

Il s’agissait lors de ce conseil de voter un pacte de solidarité financière et fiscale. Un pacte, chacun le sait, est un accord entre plusieurs parties. Il est invraisemblable de l’avoir proposé au vote sans consensus préalable entre les différentes communes de QBO. Le passage en force donne le paysage communautaire bouleversé d’aujourd’hui.

Ce ne sont pas les attaques personnelles (nombreuses aussi et parfois violentes pendant le conseil) visant à disqualifier tout interlocuteur manifestant une autre opinion que le président, qui arrangeront le climat. Ramener les divergences d’approches à des calculs électoraux, dont le maire de Quimper n’est d’ailleurs pas dépourvu, c’est esquiver les questions de fond :  comment faire pour que Briec ait les moyens d’assumer les charges de centralité qui continuent à peser sur elle malgré la fusion avec Quimper co ? Comment faire pour que les différentes communes qui composent  QBO puissent continuer à assurer les services au public qui ne sont pas du ressort de la communauté ? Plus généralement comment concevons-nous la communauté ? Comme un espace de solidarité et d’initiatives,  de projets élaborés en commun au service des habitants et des entreprises ? ou comme un espace féodal où les vassaux des petits fiefs sont punis ou récompensés selon leur degré d’allégeance ?

Le transfert  de la compétence « petite enfance » est révélateur : il s’agit d’un transfert technique et comptable, aucune réflexion commune sur la politique « enfance » n’a été menée.

L’appel à la solidarité des autres communes lancé par le maire de Briec n’a pas été entendu. La solidarité ne s’est guère manifestée non plus lorsque le président de l’agglomération a mis en cause l’intégrité du maire de Pluguffan, vice-président en charge de l’eau, et lui a fait la proposition paradoxale d’échanger sa vice-présidence avec un autre, situation qui a entraîné la démission de l’intéressé.

Bien sûr, dans le cas de Briec, le passage à une commune nouvelle aurait permis à l’ex Pays Glazik de bénéficier à la fois de dotations d’Etat plus élevées et d’un poids plus important dans la communauté de QBO. Le blocage de la commune de Langolen en a sonné le glas. Mais on peut regretter aussi que les législateurs des  gouvernements précédents ne soient pas allés assez loin dans l’obligation de regroupement de communes pour arriver à un niveau de viabilité. De 38 800 communes en 1950, nous en sommes toujours  à 35 498 aujourd’hui, alors que dans le même temps les autres pays d’Europe ont diminué en moyenne de plus de la moitié le nombre de leurs communes. En France encore 10% de celles-ci comprennent entre 100 et 199 habitants.  Certains départements  sous la houlette de leur préfet ont été aussi plus incitatifs aux regroupements : les Côtes d’Armor avec 11 communes nouvelles  au 1 janvier 2018 fait ainsi figure d’exemple.

Gardons enfin en tête qu’il n’y a aucune obligation à ce que le maire de Quimper soit le président de l’agglomération, a fortiori celui du pôle métropolitain. En Bretagne 36 présidents d’EPCI ne sont pas les maires des communes centres, et parmi elles des agglomérations importantes : Rennes, Vannes, Lannion, Quimperlé etc

Il est certain en tout cas que le dépassement des féodalités pour parvenir à une co-construction territoriale sera l’enjeu des prochaines  années.

 

https://www.ouest-france.fr/bretagne/quimper-29000/agglomeration-de-quimper-le-president-recadre-le-maire-de-briec-6034845

https://www.letelegramme.fr/finistere/quimper/hic-en-pays-glazik-ludovic-jolivet-riposte-24-10-2018-12115831.php

 

 

Laisser un commentaire