Quimper, semaine de l’immobilité, mandat de l’immobilisme

Du 15 au 22 septembre a lieu la 17e édition de la semaine européenne de la mobilité, axée cette année sur la multimodalité et l’intermodalité. De nombreuses collectivités (en Bretagne Rennes, Lorient, Pontivy, Landerneau, Lamballe, Guingamp, Quimperlé …), conscientes de l’urgence à réduire les émissions de gaz à effet de serre, participent au dispositif ou proposent des actions : journée sans voiture, bus gratuit pendant la semaine, animations et conférences autour des modes alternatifs de déplacement. La seule proposition de QBO concerne une baisse tarifaire sur le pass journée (1,4€ au lieu de 4€) pendant cette semaine. C’est bien peu. La rentrée a surtout mis en évidence d’importants cafouillages dans la mise en place du nouveau réseau de bus.

Rien de réellement étonnant pour un maire et président d’agglomération dont l’élection s’est jouée sur la promesse de l’ouverture de la ville à la voiture, la création de 1100 places de stationnement, et le coup d’arrêt aux projets précédents s’inscrivant dans une volonté de solutions alternatives ou complémentaires à la voiture (plan mobilité, rénovation de la gare et création d’un PEM). Décision très coûteuse financièrement (dédit aux entreprises, perte de subventions) et humainement puisqu’oublieuse des objectifs environnementaux et de santé publique. A l’heure actuelle la  circulation en vélo dans l’agglomération quimpéroise reste particulièrement dangereuse faute d’infrastructures adaptées et les usagers de la gare de Quimper, toujours la seule de Bretagne à n’avoir engagé aucune rénovation, se heurtent à un manque criant d’accessibilité et à l’absence de Pôle d’échange multimodal (PEM) pour compléter leur voyage. Sur le vélo et le stationnement, le maire a fait plus ou moins son mea culpa : il n’existe pas réellement de problème de stationnement mais quelques places seront créées pour faire plaisir à une partie de l’opinion ;  et il n’aurait pas anticipé la progression de l’usage du vélo électrique. On peut espérer que le plan vélo qui vient d’être annoncé par le gouvernement incitera l’agglomération à une plus grande efficacité.

Manque d’anticipation et clientélisme ne sont pas compatibles avec l’intérêt général d’une population. Pourtant déjà en 2014, la vision du « tout voiture » était obsolète. Et il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre que dans les années à venir les problèmes énergétiques et  environnementaux iraient s’accroissant.

Malheureusement cet immobilisme concerne aussi  les autres grands projets structurants annoncés en début de mandat : la grande salle multifonction qui devait être un projet phare n’a encore fait l’objet de décision ni d’emplacement ni de jauge. On n’en verra pas la couleur sous ce mandat, ni même sans doute plus tard, malgré les promesses faites à l’adjoint aux sports.  Même chose pour les Halles soumises à des revirements constants ; c’est toujours le statu quo pour la gare et le PEM;  quant à la rénovation du quartier de la gare, au grand dam de ses habitants et commerçants, seules sont visibles les affiches vantant le projet 765 avenue qui ont fleuri aux extrémités du quartier depuis 3 ans.

Jusqu’ici et à 18 mois de la fin de ce mandat, l’affichage a pris le pas sur les décisions et les réalisations.  Or on ne peut rester constamment dans l’entre-deux pour ménager des opinions et de futures échéances électorales et le courage politique est souvent celui du choix et des risques à assumer. On assiste à Quimper au paradoxe d’un autoritarisme dans les méthodes de concertation et d’une forme d’impuissance à prioriser, anticiper et décider. Il est vrai que dans ce domaine Ludovic Jolivet sait entretenir le brouillard. S’annonçant comme  franchement macro-compatible il y a peu, il affirme maintenant n’être pas « en opposition totale avec la politique engagée par Emmanuel Macron ». Gageons que sa capacité à s’y opposer ou non suivra la courbe de popularité de ce dernier.

 

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