Le projet des Halles de Quimper, ce n’est pas la bataille des anciens et des modernes

Au fil des réunions publiques sur l’avenir des Halles, le maire construit une argumentation inutilement clivante pour défendre le scénario de la destruction et d’une nouvelle construction : il y aurait d’un côté des conservateurs, passéistes, militant pour garder la ville « dans son jus », insoucieux du dynamisme économique du centre-ville : les partisans de la rénovation ; de l’autre les modernes, ceux qui savent faire table-rase du passé pour un grand bond en avant économique (augmentation d’ores et déjà annoncée de 50% du chiffre d’affaire) : les partisans d’une démolition/construction. Bien sûr nous sommes là dans une caricature qui voudrait forcer les quimpérois à un positionnement idéologique sur un sujet qui ne relève pas de cela.

On peut faire le pari de l’intelligence et du pragmatisme. Rénover, ce n’est pas ne rien faire. Rien n’empêche qu’une rénovation puisse s’inscrire dans un projet global de renouveau économique et de création ou d’amélioration de l’habitat de l’hyper-centre.  Nous avons partout de nombreux exemples de réhabilitation qui ont su allier des éléments patrimoniaux et des adaptations contemporaines.  Il faut donc revenir à des réalités simples. Les Halles actuelles, en particulier l’intérieur,  ont une valeur architecturale et patrimoniale qu’il convient de prendre en compte. Elles ne sont plus aux normes, ne conviennent plus aux usages d’aujourd’hui. Les commerces y subissent de nombreuses nuisances et pour certains survivent difficilement. La structure actuelle a tendance à écraser les rues adjacentes. Est-il si difficile de demander aux cabinets, qui ont d’ailleurs été payés depuis de nombreuses années pour des études de rénovation finalement jetées au panier, de travailler sur un scénario qui intègre ces éléments ? d’ouvrir un concours d’architectes avec un cahier des charges précis sur ces points ?

Enfin on voit resurgir au fil des communications diverses une bataille d’hommes entre Ludovic Jolivet et Bernard Poignant. Mais l’avenir ne se construit pas sur des rivalités personnelles et  les quimpérois ne veulent pas rejouer les municipales de 2014. Ils attendent un projet des Halles à la fois respectueux des caractéristiques d’un cœur de ville patrimonial et touristique et capable de faire face aux enjeux de rayonnement économique et commercial de la capitale de la Cornouaille.

Or l’urgence actuellement, c’est de se positionner de façon à bénéficier du plan national de réhabilitation des centres-villes « action cœur de ville » qui prévoit 5 milliards d’euros sur 5 ans pour  l’investissement, la réhabilitation,  la lutte contre l’habitat indigne mais aussi les transports, le numérique et la culture. Quimper rentre dans la définition des bénéficiaires de ce plan: les « villes de rayonnement régional, hors métropoles, avec un rôle de centralité pour leur bassin de vie ». Il ne faut pas laisser passer l’occasion de ces financements. Les villes qui ont déjà des projets ficelés pourront contractualiser avec l’Etat dès 2018.

Laisser un commentaire