Pays de Cornouaille : le grand démembrement ?

Le délitement du Pays de Cornouaille semble se confirmer. En janvier 2017 la nouvelle intercommunalité de Pleyben-Châteaulin-Porzay préférait se tourner vers le Pays de Brest, refroidie par le peu d’enthousiasme manifesté par le président du Pays de Cornouaille à l’accueillir. Aujourd’hui, Quimperlé communauté engage un rapprochement avec le Pays de Lorient,  et projette de travailler dès 2018 avec les agences d’urbanisme et d’énergie de ce dernier. Il s’agit visiblement d’une étape vers une intégration future au Pays de Lorient.

Ici encore la vision politique du président de la Cornouaille est un facteur déclenchant. Le président de Quimperlé communauté met en avant la volonté de Ludovic Jolivet  de créer un pôle métropolitain autour de Quimper,  préfigurant une grosse agglomération autour de Quimper.

Cette annonce n’est pas un signe positif pour l’avenir du Pays de Cornouaille, pas plus que les questionnements autour de l’identité cornouaillaise : en juin 2016, Quimper Cornouaille Développement  intitulait «La Cornouaille existe-t-elle ?» un rendez-vous avec les élus cornouaillais. Comment susciter une dynamique quand on ne croit pas soi-même à ce que l’on porte ?  Comment surtout fédérer  ces élus cornouaillais autour d’un projet commun quand on dessine un avenir  limité à l’horizon quimpérois. Douarnenez, Pont-l’Abbé, Fouesnant,  Concarneau, Quimperlé : le caractère multipolaire de la Cornouaille est une donnée de fait.  Ne  l’envisager que comme un handicap est une erreur.  Les communautés qui la composent ne peuvent être considérées comme des satellites de celle de Quimper mais comme des  partenaires participant à une construction commune.

Ludovic Jolivet  fait, avec le pôle métropolitain, le pari que la Région contractualiserait à l’avenir avec les communautés plutôt qu’avec les Pays : rien ne le prouve et les cas de Châteaulin et Quimperlé montrent plutôt une tendance à l’élargissement des Pays.  En effet  plus un Pays est fort, plus il peut peser dans les décisions  de la Région. Sans doute conviendrait-il que certaines intercommunalités  à l’intérieur de la Cornouaille se regroupent pour  atteindre une taille critique mais  peut-on imaginer  que les communautés cornouaillaises seraient plus enclines à  coopérer dans le cadre d’un pôle métropolitain créé à partir de Quimper Bretagne Occidentale, auquel elles s’agrègeraient selon leur bonne volonté,  que dans le cadre d’un Pays déjà existant ?

La richesse économique, culturelle, associative du Pays de Cornouaille ne fait aucun doute. Encore faut-il l’affirmer politiquement.  Nous avons besoin de la Cornouaille.

D’un côté deux  Pays qui grossissent, avec en leur centre une agglomération forte et une métropole, de l’autre un Pays qui se rétrécit, avec la perspective d’un pôle métropolitain réduit  à la proximité quimpéroise, et menacé d’une mise à l’écart : tel est l’avenir qui se dessine aujourd’hui.

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