Ce n’est pas tant le contenu des confidences livrées aux journalistes du Monde qui pose question, bien qu’elles suscitent de nombreuses indignations.
Certaines ont été faites il y a plusieurs mois, ce qui en change la portée (Notre Dame Des Landes), d’autres sont l’objet de contresens, volontaires ou non : il est tout à fait louable de penser qu’une intégration intelligente et une laïcité respectueuse de ses principes originels amèneront plus sûrement des femmes à se dévoiler que les interdictions et la relégation. Oui, la Marianne du futur sera peut être une femme issue de l’immigration ( aujourd’hui 30% des nouveaux-nés ont au moins un parent issu de l’immigration.).
Beaucoup plus gênante est la déclaration sur l’institution judiciaire, à cause justement de sa généralisation à toute une institution. Bien sûr, pour être juge ou procureur on n’en est pas moins homme (ou femme), comme peut le rappeler l’enquête de Michel Déléan sur Jean-Claude Marin. Mais avec ces propos dignes du café du commerce, le président Hollande tombe dans le travers du jugement catégoriel ( » les fonctionnaires ne font rien » « les pauvres sont des fraudeurs aux allocations » » les politiques sont tous pourris »…) dont sont friands ceux qui surfent sur le clivage entre français.
Mais surtout comment imaginer qu’un président semble passer plus de temps avec les journalistes qu’avec ses ministres, qu’il s’intéresse plus à leur délivrer des anecdotes ou des réflexions à l’emporte pièce qu’à leur développer son projet pour la France, l’Europe ? Comment imaginer qu’il puisse laisser publier un tel texte sans l’avoir contrôlé ? Comment imaginer, à l’heure d’un bilan pas si mauvais sur bien des aspects que ne le laisse entendre le Hollande bashing généralisé, qu’il se tire ainsi une balle dans le pied ?